• Quelqu'un doit mourir (série, 2020)

    au début des années 50, une riche famille espagnole rapatrie son fils du Mexique pour le marier...Mais surprise, ce dernier revient avec un danseur de ballet.

    Quelqu'un doit mourir (2020)

      Crédit Photo et vidéo : NETFLIX FRANCE 

     

    Plongée dans l'Espagne franquiste des années 50

     

    C'est une période de l'histoire de l'Espagne que j'ai rarement vue abordée au cinéma. Pourquoi ? je n'en sais rien. Peut être m'en suis-je désintéressé plus ou moins volontairement ou que cette période est effectivement délaissée cinématographiquement.

    C'est relativement captivant, parce que l'on découvre cette pression sociale très forte du franquisme dans les rapports humains. Il y'a d'abord cette haine viscérale des communistes. Mais pourrait-on en attendre autre chose d'un régime fasciste ?

    Les communistes sont traqués et emprisonnés sans ménagement par le régime franquiste. Les homosexuels sont quasiment logés à la même enseigne... à la différence près qu'ils peuvent être envoyés dans des centres "de traitements" qui leur sont spécialement réservés !

    Entre deux parties de tirs au pigeon, les cachotteries et petits arrangements familiaux se font jour dans la luxueuse villa. Les positions de chacun vis à vis du régime franquiste ressurgissent de temps à autre. On est assez proche de la vision sociale de "The Handmaid's Tale" tant la figure paternelle est écrasante. La place d'une jeune femme se cantonne à être bien mariée par sa famille, avec un bon parti bien entendu ! Quant aux autres femmes, tout juste leur accorde-t-on le droit d'être une bonne épouse...A défaut d'avoir voix au chapitre. 

     

     

    Derrière le titre...Une question lancinante.

     

    Qui va mourir ? Telle est la question qui turlupine le téléspectateur devant cette production. L'on s'attend chaque instant à un faux pas meurtrier, un décès suspect ou quelque chose d'équivalent... Et lorsque l'on est persuadé que le pire va arriver, il ne survient jamais ou rarement. Le scénariste joue décidément beaucoup avec nos nerfs et aime emprunter quelques portes scénaristiques dérobées.  

    Le suspens est assez bien ménagé. Les traits de caractère (parfois ambigus) de beaucoup de personnages sont plaisants. Au fil des épisodes, d'ailleurs, chacun d'entre eux peut s'avérer être un meurtrier en puissance.  

    L'amour et la jalousie se mêlent à la partie, parfois aussi. Une femme éconduite ici, une liaison adultère là. Dans un climat aussi délétère, tout peut être prétexte à provoquer une pulsion meurtrière. L'homme fort de la maison travaille dans un poste à responsabilité pour le régime franquiste, ce qui n'arrange rien.

     

    Un thriller qui va piano, piano

     

    La "valse à mille temps" de Jacques Brel pourrait très bien servir ce scénario qui aime nous piéger. La sobriété est de sortie dans les décors ou les costumes, mais c'est aussi l'époque qui veut cela.

    Pas de grandes stars non plus chez les acteurs qui jouent une partition très conventionnelle dans les dialogues. Rien de particulièrement sensationnel, au fond, dans cette série qui ne compte que trois épisodes d'une heure environ. L'on aurait aimé des dialogues un peu plus piquants, des personnages atypiques, de la fronde populaire antifranquiste pour agrémenter le tout. Mais l'on doit se contenter d'intrigues plus ou moins bien amenées dans une Espagne cauchemardesque.    

    L'aspect historique est piétiné, négligé, au profit des histoires personnelles des uns et des autres. Et c'est bien regrettable, car nous aurions aimé en savoir plus. En savoir plus par exemple sur le sort des communistes ou des homosexuels. En savoir plus également sur les états d'âmes de ces petits capitaines du franquisme. 

    Seul le final détonne, en quelque sorte, et en surprendra plus d'un. Mais c'est déjà pas mal. 

     

    MA NOTE GENERALE : 6,5/10

     

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